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Résidus d'une époque révolue & autres tribulations
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  • Tu as mal à ton orthographe ? Tu veux apprendre les bonnes manières ? Ca tombe bien, Mamie Harpie est là pour t'apprendre les bonnes pratiques de la vie ! En bonus, elle y aborde aussi des sujets improbables et des choses un peu plus intimes.
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18 novembre 2013

C'était mieux avant (1)

C'était mieux dans l'Est.
Youn Sun Nah - Ariran

Là où la rudesse de l'hiver n'avait d'égale que la chaleur des coeurs, là où les plats sont aussi généreux que les êtres. C'était mieux quand je me promenais pendant des heures au parc, que j'observais les canards, que je photographiais les cygnes, que je me perdais dans un mètre de neige.

C'était mieux du temps des promenades nocturnes au château de la ville, quand le givre enjolivait la campagne et la ville, quand j'allais courir avant de me rendre à la faculté, avec mon bonnet en laine sur les oreilles et une ivresse de liberté qui coulait dans mes veines.

C'était mieux quand j'étudiais avec mes camarades de classe pendant de longues heures, calfeutrés dans une salle de cours qui nous était devenue familière. Nous étions bercés par les paroles de nos enseignants, et tout semblait simple. C'était mieux quand nous allions manger au réfectoire de l'université, quand on saluait les cuisinières qui nous reconnaissaient pour nous avoir tous vus pendant cinq années. C'était mieux quand tout était connu, familier et rassurant. Réconfortant.

Source: Externe

 

Mais était-ce mieux, vraiment ? 

Aimais-je vraiment cette ville à la violence omniprésente, dans laquelle se tapissait le danger, prêt à bondir à chaque coin de rue ? Aimais-je vraiment ces soirées seule à réfléchir, à étudier, à pleurer sur ma solitude ? Cette routine réconfortante était le voile que j'avais jeté sur mes envies bouillonnantes. Pensais-je vraiment ne rien mériter d'autre ? 

L'Est, c'était aussi les journées dans le noir, sans jamais ouvrir les volets. L'Est, c'était les faibles revenus et les repas frugaux, c'était la vie morne et les sens atrophiés. C'était la convalescence éternelle de mon coeur qui mourait à petit feu. C'était la négation de qui j'étais, c'était la peur au quotidien. C'était aussi les rues tristes et grises, le mauvais temps, la pluie toutes les semaines et les pavés souillés par la boue. 

L'Est est tapissé de souvenirs foisonnants, qui se bousculent à la porte de mon esprit pour s'y faire une place. Ils veulent revenir, après s'être refaits une beauté. Enjolivés comme il faut, je pourrais presque m'y méprendre. Dans l'Est, j'y retourne très bientôt - il est primordial de faire la part des choses, ne plus écouter ma nostalgie tenace qui teinte tous mes souvenirs de nuances chaudes et accueillantes. Le passé n'était pas aussi généreux que mon cerveau veut me le faire croire.

Je retourne dans l'Est, et je le ferai visiter au papillon qui a émergé de sa chrysalide. Il s'y sentira très probablement à l'étroit.

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